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Derrière sa vision high-tech de l’agriculture, Hectar n’est-elle pas déconnectée de la réalité ? 

Le 2.0 c'est bien, la réalité du terrain, c'est mieux ! © AdobeStock

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Elle a fait cou­ler beau­coup d’encre avant son lan­ce­ment. Elle accueille ses pre­miers élèves depuis la ren­trée de sep­tembre. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle affiche une ambi­tion cer­taine, celle de rebattre les cartes ! Elle, c’est Hec­tar, l’école/campus/entreprise/ferme/… ins­tal­lée à Lévis-St-Nom, dans les Yvelines.

Mais der­rière toutes ces belles pro­messes, à la #Posi­ti­ve­Pro­duc­tion, on ne peut pas s’empêcher de s’in­ter­ro­ger : ils ne sont pas un peu décon­nec­tés du monde agri­cole, les « Hectariens » ?

 

Des éléments de langage peu entendus dans l’agricole

Pour Didier Rous­seau, fon­da­teur de l’in­cu­ba­teur pri­vé FAMM, inter­viewé pour Hec­tar, il faut deve­nir un « serial entre­pre­neur agri­cole », et « agir à tous les niveaux en “agri­ma­na­ger”, diver­si­fier ses sources de reve­nus et ne pas se conten­ter de livrer la matière première ».

 

Pour lui, l’en­tre­pre­neur agri­cole du XXIe siècle a com­pris qu’il est « néces­saire de recons­truire toute la chaîne de valeur notam­ment grâce à la tech­no­lo­gie et aux com­pé­tences humaines […] que les data sont au cœur de tous les pro­jets à venir ».

Des don­nées, il en faut. Mais l’a­gri­cul­ture ne pour­ra jamais se can­ton­ner à de la data. Le lien avec le ter­rain, le cli­mat, l’in­cer­ti­tude est beau­coup trop fort !

 

Trop de high-tech tue le high-tech ?

Hec­tar se défi­nit éga­le­ment comme « Le plus grand accé­lé­ra­teur d’in­no­va­tions AgTech et Food­Tech ». Cet accé­lé­ra­teur concentre quatre domaines l’A­gri­Tech, la Food­Tech, le Future Far­ming et la Rege­ne­ra­tive Agri­cul­ture. On a mal à la tête rien qu’à lire la valse de tous ces mots anglais.

 

Hec­tar pro­pose éga­le­ment des for­ma­tions B Corp… B Corp, c’est une cer­ti­fi­ca­tion créée en 2006 aux États-Unis, qui est octroyée aux entre­prises répon­dant à des exi­gences socié­tales et envi­ron­ne­men­tales, de gou­ver­nance et de trans­pa­rence. Une cer­ti­fi­ca­tion que l’on pour­rait trou­ver confi­den­tielle : 3 821 socié­tés cer­ti­fiées dans le monde… On n’est pas bien cer­tains de com­prendre l’in­té­rêt au niveau de l’a­mont en agriculture. 

Et c’est bien là que le bât blesse : Hec­tar ne semble pas s’a­dres­ser aux producteurs.

 

Même pour les for­ma­tions de chef d’en­tre­prise : “Appre­nez toutes les com­pé­tences entre­pre­neu­riales néces­saires pour sécu­ri­ser votre pro­jet agri­cole dans une triple dimen­sion : éco­no­mique, sociale et envi­ron­ne­men­tale”, la nomen­cla­ture reste busi­ness et peu tech­nique (au sens du terrain).

 

S’il est évident qu’il faut être atten­tif à la veille tech­no­lo­gique en agri­cul­ture – et on le sait, les bio­so­lu­tions sont elles-mêmes un sacré concen­tré de tech­no­lo­gie –, et si une ferme pilote est pré­sente sur le site, on peut voir dans Hec­tar un pro­jet de tech­no­phile à des­ti­na­tion des tech­no­philes, sans doute un peu décon­nec­té de la vie quo­ti­dienne des agri­cul­teurs. L’a­ve­nir nous dira si des agri­cul­teurs for­més par l’é­cole ont pu prendre en charge des exploi­ta­tions, et combien.

 

Et vous, qu’en pensez-vous ?

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