Vouloir bien faire et… au final parvenir à l’unanimité… contre soi ! C’est « l’exploit » réalisé par l’État français avec la révision de son arrêté « abeilles », qui a pour objectif de mieux protéger les pollinisateurs des pesticides.
Au sein du plan « pollinisateurs », dévoilé par le ministère de l’Agriculture conjointement avec celui de la Transition écologique le 11 juin, une révision de l’arrêté « abeilles » de 2003 est prévue. Cet arrêté encadre l’utilisation des produits phytopharmaceutiques sur les cultures en fleurs. Or, avec cette révision, l’État réussit l’exploit de faire l’unanimité… contre lui !
Pour les apiculteurs, c’est non !
Pour les apiculteurs, la limitation de l’épandage en soirée (deux heures avant le crépuscule et trois heures après) est insuffisante, car les abeilles continuent de butiner tant qu’il fait assez chaud et que le soleil n’est pas couché, comme ces jours-ci, les plus longs de l’année.
Selon eux, le projet d’arrêté comprend également trop de dérogations, notamment pour les herbicides et fongicides.
Par ailleurs, les délais de réévaluation des produits sont perçus par les apiculteurs comme trop longs (cf. plus bas).
Enfin, le planning leur paraît trop serré : ils ont une semaine (jusqu’au 18 juin) pour répondre à cette proposition, en pleine saison apicole, avant que le plan et le projet d’arrêté ne soient soumis à consultation publique.
Pour les producteurs, c’est non (aussi) !
Côté producteurs, l’arrêté paraît trop contraignant aux producteurs, notamment ceux de pommes et de poires. Ce sont les « zones de butinage », assimilées aux bandes enherbées dans les inter-rangs, interdites de traitement, qui posent question. Si elles ne peuvent plus être traitées, ils craignent de ne plus pouvoir protéger les vergers, alors même que ces bandes favorisent la biodiversité et la présence d’auxiliaires des cultures… réduisant l’usage des produits phytopharmaceutiques.
Pour l’UIPP, c’est non (aussi bis) !
Pour les fabricants de produits phytosanitaires, c’est le délai de réévaluation des produits envisagé qui n’est pas réaliste : on compte près de 300 produits, qui font actuellement l’objet d’une réévaluation tous les dix ans. Le plan propose de passer à quatre ans. De plus, les tests pour les AMM ne sont pas précisés par le texte.
Pour la #PositiveProduction, ce n’est pas oui non plus !
Du côté de la #PositiveProduction, on a choisi d’en rire un peu. On voit bien la difficulté rencontrée par les pouvoirs publics, dans l’obligation de toujours devoir transiger.
Rappelons également que ce plan de protection des pollinisateurs avait été évoqué par le ministre de l’Agriculture en août 2020 pour « compenser » le retour des néonicotinoïdes. S’agit-il de creuser un trou pour en reboucher un autre, ou de déshabiller Pierre pour habiller Paul ?
Par ailleurs, peut-être que quelques changements d’usages et de pratiques, comme les biosolutions, pourraient apporter satisfaction à tous ?
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