La gestion des ressources en eau en agriculture : un défi crucial pour un avenir durable

L’a­gri­cul­ture est l’un des piliers fon­da­men­taux de nos socié­tés, assu­rant la sécu­ri­té ali­men­taire et contri­buant au déve­lop­pe­ment éco­no­mique. L’exploitation des res­sources natu­relles, en par­ti­cu­lier de l’eau, repré­sente un défi majeur. La ges­tion effi­cace de l’eau en agri­cul­ture est deve­nue une pré­oc­cu­pa­tion essen­tielle pour garan­tir la dura­bi­li­té des sys­tèmes agri­coles et la pré­ser­va­tion de l’en­vi­ron­ne­ment. Nous abor­de­rons dans cet article quelques pistes pour réin­ven­ter la ges­tion de la res­source en eau dans le cadre du chan­ge­ment climatique.

1. La pression croissante sur les ressources et les besoins en eau

Les besoins en eau ont voca­tion à de nom­breux usages aus­si bien “en plaine” qu’en agglomération :

• l’eau potable,
• l’agriculture, avec l’irrigation,
• l’hydroélectricité,
• les besoins des col­lec­ti­vi­tés et des industriels,
• les fonc­tions de refroi­dis­se­ment et de défense incen­die des industries
• les loi­sirs, avec des lacs d’agrément et de baignade,
• la pré­ser­va­tion envi­ron­ne­men­tale, grâce à des sou­tiens d’étiages et au main­tien de la biodiversité.

Le sec­teur agri­cole est un des plus grands consom­ma­teurs d’eau à l’é­chelle mon­diale, uti­li­sant dans cer­taines situa­tions des pra­tiques qui peuvent être amé­lio­rées. La crois­sance démo­gra­phique, l’ur­ba­ni­sa­tion rapide et les chan­ge­ments cli­ma­tiques accen­tuent la pres­sion sur les res­sources hydriques. La néces­si­té d’une ges­tion inté­grée des res­sources en eau est impé­ra­tive pour répondre aux besoins croissants.

En France, il convien­drait aus­si de mettre en confor­mi­té le droit de l’eau du Code de l’environnement avec la recon­nais­sance de la pro­tec­tion de l’agriculture comme inté­rêt géné­ral majeur.

2. Techniques d’irrigation innovantes et économes en eau

L’ir­ri­ga­tion joue un rôle cru­cial dans l’a­gri­cul­ture, et il est impor­tant d’é­vi­ter les sources de gas­pillage d’eau. Il existe des outils per­for­mants dans la ges­tion de l’eau, qui per­mettent d’ores et déjà à l’agriculture d’être plus rési­liente face au chan­ge­ment cli­ma­tique. Des tech­niques inno­vantes, telles que l’ir­ri­ga­tion goutte à goutte, l’ir­ri­ga­tion par asper­sion de pré­ci­sion et l’u­ti­li­sa­tion de cap­teurs pour mesu­rer le besoin réel en eau des cultures, per­mettent une uti­li­sa­tion plus effi­ciente des res­sources hydriques. Ces approches contri­buent non seule­ment à éco­no­mi­ser l’eau, mais aus­si à amé­lio­rer la pro­duc­ti­vi­té agricole.

3. La gestion de la demande en eau

Une approche proac­tive de la ges­tion de la demande en eau implique la sen­si­bi­li­sa­tion des pro­fes­sion­nels aux pra­tiques plus effi­cientes, la pro­mo­tion de tech­no­lo­gies res­pec­tueuses de l’en­vi­ron­ne­ment et l’a­dop­tion de calen­driers d’ir­ri­ga­tion adap­tés aux besoins des cultures. La mise en place de poli­tiques publiques des besoins en eau, de tarifs d’eau basés sur la consom­ma­tion, devraient encou­ra­ger une uti­li­sa­tion plus res­pon­sable de cette res­source précieuse.

Des inves­tis­se­ments sont évi­dem­ment néces­saires afin d’améliorer le trans­port et le sto­ckage de l’eau

4. La conservation des eaux et la gestion des sols

La conser­va­tion de l’eau dans les sols est un aspect sou­vent négli­gé de la ges­tion des res­sources hydriques. Des pra­tiques telles que la conser­va­tion des eaux de pluie, l’u­ti­li­sa­tion de paillis, la rota­tion des cultures et la ges­tion durable des sols contri­buent à rete­nir l’eau dans les champs, rédui­sant ain­si la dépen­dance à l’irrigation.

5. Les technologies de gestion intelligente

L’in­té­gra­tion de tech­no­lo­gies avan­cées, telles que l’In­ter­net des objets (IoT) et l’in­tel­li­gence arti­fi­cielle, peut révo­lu­tion­ner la ges­tion des res­sources en eau en agri­cul­ture. Des sys­tèmes de sur­veillance auto­ma­ti­sés, basés sur des cap­teurs intel­li­gents, peuvent aider les agri­cul­teurs à ajus­ter pré­ci­sé­ment l’ir­ri­ga­tion en fonc­tion des besoins réels des cultures, mini­mi­sant ain­si les pertes d’eau.

6. La coopération et la gouvernance

Il faut tra­vailler, au niveau des ter­ri­toires, à conci­lier deux objectifs :

• L’im­por­tance de l’eau dans les usages agri­coles tout en sou­li­gnant la néces­si­té de gérer la res­source dans la pers­pec­tive du chan­ge­ment climatique. 
• La ges­tion effi­cace des res­sources en eau en agri­cul­ture néces­site donc une approche holis­tique et une coopé­ra­tion entre les acteurs locaux, régio­naux et nationaux. 
• Des poli­tiques gou­ver­ne­men­tales éclai­rées, un par­tage équi­table des res­sources et une par­ti­ci­pa­tion active des com­mu­nau­tés agri­coles sont essen­tiels pour garan­tir une ges­tion durable de l’eau.

La ges­tion des res­sources en eau en agri­cul­ture est un défi com­plexe et cru­cial. Adop­ter des pra­tiques durables, encou­ra­ger l’in­no­va­tion tech­no­lo­gique, pro­mou­voir une gou­ver­nance inté­grée, la réuti­li­sa­tion des eaux usées trai­tées sont des étapes essen­tielles pour garan­tir la pros­pé­ri­té à long terme de l’a­gri­cul­ture tout en pré­ser­vant notre environnement.

L’a­ve­nir de notre sécu­ri­té ali­men­taire dépend de notre capa­ci­té à culti­ver la terre de manière res­pon­sable, en har­mo­nie avec les res­sources natu­relles limi­tées dont nous disposons.