L’idée communément admise aujourd’hui est que l’agriculture intensive est néfaste pour l’environnement : déforestation, utilisation massive d’intrants, biodiversité en berne, etc. Parallèlement et paradoxalement, il faudra demain nourrir dix milliards d’êtres humains tout en préservant l’environnement. Sacrée équation !
Certains prônent une agriculture diversifiée sans pesticides ni engrais de synthèse, plus respectueuse des sols et de la biodiversité, mais occupant plus d’espace pour compenser sa plus faible productivité. D’autres plaident pour un modèle d’agriculture intensif, donc moins durable mais plus concentré, afin de permettre une mise sous cloche d’une partie de la planète.
Un chercheur de Cambridge, Andrew Balmford, propose dans Journal of Zoology, pour résoudre l’équation, une vision un peu différente : « La plupart [des espèces] déclinent en cas d’exploitation agricole, et se porteraient moins mal dans un modèle de préservation des terres sauvages. » C’est ce qu’on appelle le “land sparing” ou « sauvegarde des terres ».
Et pour préserver ces espèces, Balmford propose que les productions à très haut rendement se tiennent dans des zones agricoles peu étendues et déjà cultivées. Ainsi, cela libérerait de l’espace pour conserver des habitats intacts. On aurait donc d’un côté des milieux non exploités et de l’autre une agriculture à dominante intensive. C’est le “land sharing”, ou « partage des terres ».
Plus précisément, l’étude propose une agriculture comportant trois niveaux : au premier, on trouverait des terres cultivées intensivement, au second des zones non cultivées, laissées à la nature, et au troisième niveau des zones de cultures extensives à faible rendement.
“La conservation doit être pragmatique si nous voulons interrompre une catastrophe écologique”
La NFS (National Food Strategy, soit la « stratégie alimentaire nationale », l’équivalent de notre Plan national de l’alimentation et de la nutrition, le PNAN – et on arrête là pour les sigles, acronymes et autres abréviations !) explique qu’environ 21 % des terres agricoles du Royaume-Uni devront voir leur destination modifiée. Elles devront soit être ré-ensauvagées, soit être utilisées afin de produire des biocarburants afin que le pays puisse atteindre son objectif – élevé – de zéro émission nette. De plus, le tiers des terres agricoles ne devra alors plus produire que 15 % de la production agricole britannique.
La NFS recommande le modèle de Balmford. Elle précise qu’elle souhaite qu’il soit la base d’un nouveau « cadre d’utilisation des terres rurales ». On peut donc être prophète en son pays…
Selon Andrew Balmford, le land sparing ne doit pas être vu pour autant comme un soutien inconditionnel à la production industrielle. Il précise en effet qu’afin d’augmenter les rendements, il reste nécessaire de soutenir les petits exploitants. Il donne l’exemple des agriculteurs chinois qui se sont orientés vers un système de culture adapté aux conditions pédologiques et météorologiques locales et ont alors vu leurs rendements croître de 11 %, et l’utilisation d’engrais diminuer d’environ 16 %.
À ne pas manquer
L’association de défense des consommateurs Familles Rurales a publié, en juillet, les résultats de son Observatoire des prix des fruits et légumes frais. L’objectif est louable, puisqu’il est d’aider les …
Le 4 octobre, la commission mixte paritaire, composée de 7 sénateurs et 7 députés, a adopé à l’unanimité le texte de la loi dite Egalim 2, dont l’objectif principal est …
Tous ces idiots ont-ils raison ? Parce qu’on entend souvent des insultes de la part de gens qui ignorent ce qu’est réellement le métier d’agriculteur et ne le voient que …