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Il crée son propre syndicat agricole pour manifester seul

Jean-Jacques M, 33 ans, agriculteur, a été élu, il y a quelques jours, président du MSAASM. © AdobeStock

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Voi­ci une ini­tia­tive tout à fait ori­gi­nale dans le monde des syn­di­cats agri­coles, dont la rédac­tion de la #Posi­ti­ve­Pro­duc­tion est un témoin pri­vi­lé­gié, qua­si­ment en temps réel.

 

Jean-Jacques M, 33 ans, agri­cul­teur dans le Lot-et-Garonne, a été élu, il y a quelques jours, pré­sident du MSAASM (Mon Syn­di­cat Agri­cole Avec Seule­ment Moi). Il en est éga­le­ment le tré­so­rier et le secré­taire. Il est aus­si le seul membre de ce syn­di­cat à nul autre pareil. Rencontre.

 

#PP : Pour­quoi avoir choi­si un nom de syn­di­cat (Mon Syn­di­cat Agri­cole Avec Seule­ment Moi) dont le sigle (MSAASM) soit aus­si un palin­drome (mot qui se lit de gauche à droite) ?
JJM : J’é­tais sûr que vous alliez me poser cette ques­tion. Je vais donc vous répondre sans détour, même si j’au­rais pré­fé­ré que vous m’in­ter­ro­giez sur le fond, les rai­sons pro­fondes de notre action et nos motivations !

 

#PP : Jus­te­ment, pour­quoi avoir créé un nou­veau syn­di­cat agri­cole ? Quelles sont vos rai­sons pro­fondes ? Vos motivations ?
JJM : Nous sommes fan de ce que fait la Mutua­li­té Sociale Agri­cole, pour l’en­semble de son œuvre. Et nous aimons beau­coup le rug­by. Mais nous ne sommes pas de Clermont-Ferrand…

 

#PP : Vous par­lez de vous en disant « nous », pourquoi ?
JJM : Et pour­quoi pas ?

 

#PP : Vous êtes seul, com­ment vous organisez-vous ?
JJM : Comme n’im­porte quel syn­di­cat : nous avons des réunions régu­lières, émet­tons des comptes ren­dus et pre­nons posi­tion. C’est impor­tant de prendre position !

 

#PP : Jus­te­ment, quelle est votre ligne ?
JJM : Nous sommes contre !

 

#PP : Contre quoi ?
JJM : Contre. Tout sim­ple­ment. Sauf si des efforts sont faits. Alors là, nous serons pour. Enfin… nous devrons nous réunir pour en par­ler. Car il fau­dra que la déci­sion soit en phase avec notre ligne.

 

#PP : En ce qui concerne les actions que vous allez mettre en place, pen­sez-vous manifester ?
JJM : Bien sûr. Nous avons déjà dépo­sé des per­mis de mani­fes­ter, car seules les manifs sont évo­quées par les médias et comp­tons défi­ler à chaque fois que de grandes ques­tions jus­ti­fie­ront que le monde agri­cole se fasse entendre. Nous serons les porte-parole de ceux qui nous ont élus, mais aus­si de ceux qui n’ont pas voté pour nous !

La PAC, la rému­né­ra­tion des agri­cul­teurs, la pol­lu­tion, l’a­gro-éco­lo­gie, l’en­det­te­ment, le res­pect des ani­maux, la déco­ra­tion des fermes et le semis de par­terres de fleurs, etc. tous les sujets nous concernent.

 

#PP : Mer­ci pour ces expli­ca­tions très concrètes. Quel pour­rait être le mot de la fin de cet interview ?
JJM : Samuel Beckett a dit : « C’est le com­men­ce­ment qui est le pire, puis le milieu puis la fin ; à la fin, c’est la fin qui est le pire. » Je suis assez d’accord. 

Mais sur­tout, je tiens à rap­pe­ler qu’en mani­fes­tant seul, nous par­ve­nons à être à la fois au com­men­ce­ment, au milieu et à la fin du cor­tège, ce qui n’a jamais été réa­li­sé aupa­ra­vant. Je rap­pelle aus­si que je n’aime pas par­ta­ger ma ban­de­role avec d’autres mani­fes­tants. Aujourd’­hui, je suis donc un homme comblé !

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