La Commission européenne croit au potentiel du carbone agricole pour séquestrer les émissions de CO2 tout en régénérant les sols dégradés et renforce son investissement pour présenter une initiative et un schéma de certification pour la captation du carbone. Une nouvelle approche de l’élimination du carbone en agriculture (et grâce à celle-ci), à hauteur de 55 %, contribuera à augmenter les ambitions européennes en matière climatique d’ici la fin de la décennie.
Ces deux actions devraient être déployées d’ici à 2030. Il n’y a actuellement pas d’outil politique pour inciter à la captation du carbone ou à la protection des stocks de carbone, mais des entreprises et des citoyens ont commencé à acheter des crédits carbone ou des terrains pour compenser leur empreinte carbone.
L’objectif principal est de créer de nouveaux business-models pour augmenter la séquestration du carbone dans le sol et, par là, de créer de nouveaux emplois.
Le changement consiste à aller vers une approche combinant un changement de l’utilisation des sols et de l’usage forestier et les émissions de l’agriculture grâce aux potentielles synergies entre ces secteurs.
« Nous voulons montrer qu’il est possible pour ces secteurs, en les combinant, de devenir climatiquement neutres entre les émissions et le stockage de carbone », commentent des membres de la Commission. Cela ne veut pas dire que les émissions de l’agriculture deviendraient nulles, mais qu’elles seraient compensées par la séquestration du carbone.
La première proposition est attendue pour la fin de l’année, et un mécanisme de certification pour la captation du carbone devrait être présenté avant 2023. Cependant, la conditionnalité des aides de la PAC devrait aussi inciter les agriculteurs à aller vers des pratiques plus durables, qui comprendront le stockage de carbone sur leurs terres.
La France fait partie des quatorze pays qui ont déjà recommandé, dans leurs pratiques, l’augmentation de la captation de carbone dans les forêts et les prairies.
L’autre aspect auquel la Commission devra faire face sera de s’assurer que chaque émission ou réduction de carbone sera soigneusement prise en compte au cours du parcours de certification.
Et de préciser qu’il ne s’agira pas d’un système de compensation des émissions pour l’agriculture mais plutôt de règles sur la mesure et le suivi de la séquestration du carbone.
Jorge Pinto Antunes, membre du cabinet du commissaire européen à l’Agriculture Janusz Wojciechowski, a déclaré que la question était maintenant de savoir si ces projets de réduction du CO2 devaient être basés sur des paiements en fonction des résultats ou en fonction des bonnes pratiques pour le climat. L’idée étant d’inciter les agriculteurs à être des acteurs actifs dans cette transition. Comme si cela n’était pas déjà le cas !
Pour lui, la Commission devrait être en mesure de présenter une solution qui tienne la route, et de relier ces bonnes pratiques à un marché du carbone tout en créant de nouveaux revenus pour les agriculteurs.
Cependant, l’idée d’un marché du carbone demeure largement taboue : les agriculteurs européens n’ont pu, jusqu’à présent, participer à de tels marchés qui leur permettraient d’être payés pour stocker le carbone sur leurs terres en échangeant des crédits carbone.
Et les premiers intéressés, les agriculteurs, qu’en pensent-ils ? Seraient-ils prêts à être payés pour stocker du carbone ? Selon quels critères ? À quel prix ? À quelles conditions ?
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