Les beaux jours approchent et nous nous en réjouissons. Mais aux champs, certains se préparent déjà à affronter cette « rosée de farine » qui aime particulièrement le printemps. Joli nom pour un champignon plutôt coriace : le mildiou.
Voilà près de 150 ans que le conflit agriculteurs contre mildiou a commencé. D’abord en Nouvelle Aquitaine. Puis dans tout le pays. Et pour le moment, difficile de dire qui a vaincu. L’année 2021 a ainsi été plutôt dure pour les cultures. Il faut dire que le changement climatique, avec ses épisodes récurrents de gel tardif, de températures trop douces ou encore de pluies abondantes, est plutôt propice au champignon.
Alors, Mildiou 1 / Agriculteurs 0 ?
Pas sûr pour autant ! Car cela n’a rien d’un conflit larvé, et si les êtres humains sont ingénieux, les agriculteurs, eux, sont maîtres dans l’art de maîtriser les bio agresseurs des cultures.
La première riposte à l’attaque du mildiou a lieu à la fin des années 1880, soit moins de dix ans après son apparition dans les vignes bordelaises. Un groupe de scientifiques observe que le cuivre protège les feuilles de vigne du mildiou. C’est ainsi qu’est née celle qui a sauvé nombre de vignobles, pour le plus grand plaisir de nos gosiers : la bouillie bordelaise, un mélange d’eau, de sulfate de cuivre et de chaux.
Si elle est aujourd’hui la principale référence autorisée en agriculture bio, elle présente cependant un inconvénient : le cuivre contamine les sols. Un moindre mal cependant comparé aux produits chimiques, qui sont le moyen de lutte contre le mildiou le plus efficace, notamment lorsque la pression de la maladie est importante.
Mais, entre la diminution réglementaire des apports en cuivre et la nécessité de réduire les intrants chimiques, trouver une troisième voie de traitement est nécessaire. L’Union européenne s’y attelle.
Allô l’UE ? Inutile de chercher bien loin ! Les produits de biocontrôle permettent de réduire l’usage des intrants, de protéger les cultures et de maintenir la productivité. D’origine naturelle, ils ne sont pas toxiques pour la santé des travailleurs et l’environnement. Leur crédo ? La gestion des équilibres des populations d’agresseurs plutôt que leur éradication, par une double activité fongicide et de stimulation des défenses naturelles des plantes.
Les résultats sont là. Les données issues de certaines exploitations sont en effet encourageantes. L’utilisation de produits de biocontrôle (à base de phosphites) dans les cultures de pommes de terre, a ainsi permis une diminution de l’utilisation des produits phytosanitaires de 40 à 80 %. Côté vignobles, une expérimentation menée en Gironde montre que le recours à ces produits a permis d’obtenir une efficacité supplémentaire par rapport aux petites doses de cuivre de l’ordre de 49 % en intensité. L’intérêt de ces produits est aussi qu’ils ont toute leur place au sein de stratégies de traitement différenciées, pouvant combiner plusieurs méthodes.
Et si le dénouement de 150 ans de conflit résidait justement non pas dans l’éradication de l’adversaire, mais dans une sorte de traité de non-prolifération ? C’est en tout cas l’engagement du biocontrôle, et à la #PositiveProduction, nous y croyons !
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