Le vendredi 4 décembre, Emmanuel Macron a été interrogé par le média en ligne Brut sur le glyphosate. Il a affirmé « ne pas avoir changé d’avis, être pour qu’on en sorte ». Il a admis « ne pas avoir réussi ». À qui la faute selon lui ? À l’Europe. Il a rappelé qu’en 2017, la France souhaitait une sortie du glyphosate à trois ans (soit 2020) alors que les autres pays européens affichaient un objectif à cinq, voire dix ou quinze ans. « Cela montre une chose, quand on veut lutter contre les pesticides, c’est à l’échelle européenne qu’il faut agir, on a eu le même problème avec les néonicotinoïdes. » Et donc, monsieur le président, vous avez fait deux fois la même erreur ? Bravo… Par ailleurs, qui a fixé arbitrairement la sortie de la France à trois ans ? Comment les professionnels de terrain avaient-ils été consultés ? S’ils ont été consultés mais que leur avis n’a pas été entendu, à quoi bon ?
« On ne peut pas gagner la bataille tout seul si on n’a pas les autres Européens […] Les autres [pays européens] ne sont pas allés assez vite […]. L’Europe est un compromis permanent […]. » « Le volontarisme français a déjà permis de faire ces cinq ans. On est déjà allés plus vite que d’autres ! »
Il a alors annoncé de nouveaux objectifs : « Ce qu’on va réussir à faire, nous Français, c’est que nous allons baisser de 50 % l’usage du glyphosate d’ici 2022. » Pour y parvenir, le président de la République a évoqué le plan de relance agricole ainsi qu’un nouveau crédit d’impôt qui devrait permettre aux agriculteurs d’investir dans une « transition pour sortir du glyphosate ».
Les suites
Le ministère de l’Agriculture a annoncé, lundi 7 décembre, l’adoption, par le Sénat, d’un amendement pour mettre en place un crédit d’impôt temporaire de 2 500 euros à destination des agriculteurs qui renonceront, en 2021 et 2022, à désherber avec du glyphosate (lien vers actu M2S2 : Glyphosate : des financements supplémentaires pour accompagner les agriculteurs). Ce crédit d’impôts, nous sommes d’accord, va vraiment tout changer pour les agriculteurs (ironie) !
Ce que l’on sait
Aujourd’hui, à la #PositiveProduction, on sait ce que disent les chiffres, voyez plutôt :
Alors que penser de cette vidéo ? Emmanuel Macron insiste sur la grandeur et la force de l’agriculture française à plusieurs reprises, sur les difficultés rencontrées par les agriculteurs, qui travaillent déjà beaucoup. On est en droit de se demander dans quelle mesure il saura les protéger…
Comment imagines-tu l’avenir par rapport au glyphosate ?
Dans l’avenir, on pourra peut-être se passer complètement du glyphosate. Pour l’heure, il n’existe pas de produits pour le remplacer. En vigne et arboriculture, la couverture des sols permet de gérer les cultures et d’éviter de désherber. En grandes cultures, en ce qui concerne le chiendent et le liseron, on se trouve face à une vraie problématique.
Quelles solutions sera-t-il possible d’adopter ?
Il y a des problématiques, c’est clair. Sans doute qu’il n’y aura pas d’autres solutions dans notre pays. On risque d’arriver, en 2023, à plus du tout d’autorisation du glyphosate en France (pas de dérogations). On aura appris à s’en passer, sous la pression du gouvernement. Il reste à prouver qu’on peut faire sans, notamment en agriculture de conservation des sols. Il y a aujourd’hui des techniques que l’on utilise comme les rotations de cultures, des semis sous couvert, de l’interculture, des dates de semis décalées… Il n’y a pas de remplaçant aujourd’hui qui soit aussi efficace et aussi économique. Sera-t-il vraiment interdit définitivement ?
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